Content d'avoir rejoins le club des zumistes, mais j'ai pas encore grand chose à échanger sur zuma... mais comme l'ambiance du forum est vraiment sympa, j'y vais d'un petit récit, et pis sissavouplépas, zavékapalire !
Donc, un petit peu de contexte. On est à Goa en Inde, c'est-à-dire l'ibiza de l'Inde: au départ y'avait de belles plages, ça a attiré (dans l'ordre) des riches, des teuffeurs, des raves, des dealers, des russes, des riches. Au final les plages sont toujours belles, et sont envahies par de riches russes bedonnants qui se promènent avec de jolies jeunes filles qui pourraient être leurs filles (mais visiblement non...)... et des européens blancs comme des culs, adipeux à souhait, qui se laissent mollement flotter pour échapper à la gravité. Une bonne solution pour quitter ce magnifique spectable, on se loue une moto. Hé, c'est facile, tout le monde dit que c'est facile, non ?
Petit échange avec la jolie réceptionniste de l'hôtel: c'est la haute saison, dur dur, mais en passant un coup de fil, hop hop, on négocie au sourire avec la réceptionniste, et hop, un gamin se pointe avec l'Enfield de ses parents. Ca ressemble
à ça; enfin, faut l'imaginer avec un peu de rouille, un peu de scotch, pas mal de poussière... vieux, décati, croulant ? Appelons ça le charme de l'ancien...
Ancienne colonie anglaise oblige, en Inde, on roule à gauche. Du coup, comme tous les pays raisonnables qui roulent à gauche, ils ont adapté les voitures et les bus avec le volant à droite, la boite de vitesse main gauche, et donc les vitesses inversées. Bon ben pourquoi pas, ça se tient. Mais pourquoi ont-ils aussi inversé le côté des vitesses sur la moto ? Est-ce que conduire de l'autre côté de la route signifie qu'on est mieux avec le frein à gauche et les vitesses à droite ? Mystère. En tout cas ça a un peu inquiété le ptit jeune qui s'est dit que les blancs ne savent pas passer les vitesses. Si, JE SAIS. Juste de l'autre côté. Et l'air de rien, en quelques mois de conduite, on s'en fait des habitudes !
Autre sujet d'inquiétude pour le gosse: le kick. Je roule sur une néo rétro moi, pas une vraie rétro; le kick a été remplacé par un petit moteur électrique qui fait tout le boulot. "Tu m'expliques ?" "Je t'explique ! C'est facile !". Tu regardes l'ampèremètre. Si l'aiguille est du côté du rouge, pas bon: alors tu kickes une première fois en appuyant un petit bouton magique là sur le commodo, et ça fait monter l'aiguille dans le vert. Enfin, presque dans le vert, faut pas rêver. Quand l'aiguille est dans le vert (enfin, vers le milieu, on va pas chipoter), alors tu kickes pour du vrai et ça démarre. Ou pas. Suffit de recommencer. Si, si, ces halêtements pénibles vont se transformer en pétarades puissantes, un jour. Sois juste à l'écoute du moteur qui démarre, comme on est au chevet d'un vieux... un peu plus de gaz... il part presque, moins de gaz... il s'endort, un peu plus... anésthétiste, ça s'apprend au chevet d'un mono de 40ans démarré au kick.
On en a, des réflexes à la con ! Réflexe de démarreur électrique: vieille moto, du mal à démarrer, on débraye pour soulager l'embrayage... mais si on fait ça, le kicke tourne dans le vide, haha, ça sert à rien, même le gamin se paye ta tête. Détail utile: comme on ne peut pas débrayer, ça veut dire qu'on doit être à coup sûr au point mort pour démarrer. On y reviendra.
Une fois démarrée, c'est facile. On débraye avec la poignée gauche; ben non, on ne peut pas juste retourner le cerveau droite/gauche, y'a juste frein arrière et vitesses qui changent de côté, mais les poignées, on reste à la régulière. On passe la vitesse. En haut, 1ere. Ensuite en bas, 2eme, 3eme, 4eme (le gamin avait l'air moins sûr, elle existe vraiment cette 4ème ?). Et puis si on veut redescendre les vitesses, on remonte, paf: 4eme, 3eme, 2eme, 1ere. Point mort ? Ah bah facile, point mort: tu redescends 2eme, 3eme... pendant se temps, une pédale mystérieuse cachée entre le kick et le sélecteur monte, monte, monte, d'un petit centimètre à chaque coup. Ou pas. Mais en tout cas, quand elle est assez haute, tu la pousses... non, tu la bourrines... c'est ça, encore plus sauvagement... le crac c'est normal... et là t'es au point mort. En tout cas, ça devrait. Essaye d'embrayer pour voir ? Ah bah tu vois, c'est débrayé. Je devais avoir l'air dubitatif: le gamin avait l'air encore plus inquiet !
On négocie deux minutes sur des points de détail; un cligno qui pendouille misérablement. La poignée de frein avant qu'est pas loin de pendre aussi ("de toute façon, celui là, il freine pas trop"). Derniers détails aussi: oublies la latérale, elle est tellement basse (tordue ?) qu'elle couche presque la moto à terre, oublies si t'es pas sur la réserve. D'ailleurs, elle est sur la réserve, tu devrais faire un plein. Petit robinet réserve / on / off. Allez, je la prends, je me débrouillerai. Je file des biffetons, le gamin n'a plus la moindre inquiétude et s'en gave les poches. Pas de dépôt de garantie non plus, un numéro de portable à appeler au cas où, et zou !
Bref, ensuite, on chevauche un monocylindre de quelques (centaines ?) de cc. Ca tremblote, ça pétarade, ça craque, ça se tortille, ça guidonne à 10km/h... bref, c'est le pied ! Vitesse de pointe, disons 70 au jugé, vu que le compteur reste obstinément pointé sur 0. Freinage: tambours devant, tambours derrière, tu ouvres ton blouson tu freines plus vite. Accélération: quand le mono tourne trop vite, il s'emballe. En clair, il a l'air d'aller trop vite, il fait (encore plus) trember tout le bazard, et pour l'occasion, il fait sauter la vitesse; alors il est temps d'enquiller la suivante d'un grand coup de pied (le grand crac, c'est normal ?). Faire frotter les cales pieds, c'est facile... l'inverse est difficile, c'est pas la vitesse, c'est la garde au sol de 7 centimètres sur des cales pieds de 20 cm de large. Après une demie heure d'essais et un plein, je récupère la sirène de sable qui, confiante (inconsciente ?), enfourche joyeusement l'antiquité.
Après 10 minutes, le temps de chercher une pompe pour vérifier la pression (on ne trouvera jamais après 7 arrêts; juste un mec qui tâte le pneu en disant "ça va, ça va"), un truc me semble branlotter. Ah tiens, le cale pied droit est tombé ? Je le mets négligemment dans ma poche. La SdS: "mais... si ils ont mis ce bidule, c'est pas parce que c'est utile ? T'es sûr qu'on peut faire sans ?". Le païlote, rassurant: "non non, pas de problème, c'est pour le confort !" Image de la JBT avec les harley qui perdent des pièces...
Avant de tirer une journée de route, je cherche un mécano qui aura la clé quivabien pour rattacher le cale pied. La SdS: "T'as dit que c'est pas utile, on doit vraiment perdre du temps ?". Le païlote, avec une crampe à la jambe: "en fait, t'avais raison, s'ils l'ont mis, c'est quand même parce que c'est utile...".
Le meilleur souvenir: un demi tour sur autoroute. Oui, je sais, dit comme ça, ça a l'air inconscient, mais on parle plutôt de voie rapide (70 max !) 2x2 séparée par un terre plein central, et le seul moyen de faire demi tour, c'est de... faire demi tour, y'a pas de sorties, pas de bretelles, on se débrouille, y'a des trous dans le terre plein central, c'est déjà bien. De nuit évidemment; donc, environ la moitié des véhicule est éclairé, dont une respectable proportion en pleins phares pour bien voir. On freine (on décélère...), se positionne bien garé sur le côté de la route, et on attend un créneau. Faut tenir les gaz sinon le phare se transforme en bougie. C'est libre, on passe large avant le camion là, la masse noire qui roule vers nous ! Démarrage rapide. Première, deuxième, emballement, vitesse qui saute, le camion arrive tous feux éteints, dur de juger la vitesse. On va essayer de s'arrêter par sécurité. La poignée du frein avant se décroche franchement, le frein arrière... est de l'autre côté, j'ai enquillé une vitesse de plus, parfait pour la reprise, saloperie de côtés inversés ! Tant qu'à y être, on va passer avant avec une grosse accélération. Le moteur s'emballe, fait sauter l'embrayage, le temps de repasser une vitesse, j'oublie de maintenir le ralenti au jeu rattrapé sur l'accélérateur, gnin gnin gnin, silence, moteur étouffé.
Et là, là, dans le noir, sur un terre plein au milieu de la voie rapide, avec un camion qui approche d'un côté, et une colonne de bus de l'autre: d'abord retrouver le point mort. Couper les feux qui bouffent le peu de watts dispos pour l'allumage. 2eme, 3eme, 4eme, la pédale magique n'est pas sortie, on se le refait, 4, 3, 2, 1, 2, 3, la pédale magique est là, on la bourrine, pouf, point mort. On déplie le kick à la main, un premier kick pour recharger, un autre pour démarrer, on retient la SdS qui pense à sauver sa peau sans la moto, première, et pof, plus grosse accélération du voyage pour se faufiler avant d'être sandwitchés entre un camion et un bus, 1, 2, 3, suffit d'ancitiper l'emballement en montant les vitesses; et oui, la 4ème existe !
Bref, c'était bien